« Pommerat, dans Ma chambre froide, revient au cadre du «grand récit» [...] et cette fois-ci, il semble avoir voulu puiser ses forces théâtrales dans le rythme et la forme du feuilleton ! [...] Nous découvrons dans sa vie quotidienne une jeune femme simple, d’une bonté discrète, que ses collègues et son patron exploitent sans vergogne. Jamais Estelle ne se plaint [...] pas même de Block, ce patron, pourtant odieux et détesté de tous. Elle est en effet convaincue [...] qu'il suffirait peut-être que ce patron puisse voir, vraiment voir, en quoi il se trompe pour qu’il soit transformé. [...] On le devine, le théâtre, tragédie ou comédie, car Ma chambre froide réserve une large place au rire, a ici un rôle essentiel à jouer. Ainsi, chacun des personnages que nous accompagnons va découvrir des lois qu’il ignorait et devoir, devant elles, se mesurer : lois de l’économie, loi de la mortalité – et lois de l’art, aussi [...]. Dans Ma chambre froide, Pommerat se plaît à rendre hommage tantôt à Brecht, tantôt à Shakespeare, comme il avait pu s’inspirer de Tchekhov dans Au Monde ou dans Grâce à mes yeux. Mais sa façon d’entrelacer les fils de son récit, où suspense et humanité se renforcent et s’aiguisent l’un l’autre, n’appartient décidément qu’à lui… ». <br /><br />Extraits d'un texte de Daniel Loayza, 28 décembre 2010 (Lettre n°19 de L'Odéon-Théâtre de l'Europe).
