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16. Parure plane, motif éphémère : ornement photographique et architecture au XXe siècle

2014-06-09 10 Dailymotion

Brenda Lynn Edgar, architecte, historienne de l'art, adjointe à la déléguée à la protection du patrimoine, Lausanne <br /> <br />De la photographie murale grand-format des années 1930 aux expérimentations des années 1960-1970, puis à la façade « tatouée » de photographies des années 1990, la photographie, mutation clef de l’ornementation au XXe siècle, est définitivement entrée dans le répertoire de l’architecte. D’abord en « ouvrant une brèche, tout en la dissimulant, dans des principes anti-décoratifs du mouvement moderne » puis progressivement revendiquée comme une « réinvention de l’ornement » par des architectes comme Jacques Herzog et Pierre de Meuron. <br /> <br />La photographie est utilisée comme matière décorative dès sa divulgation au XIXe siècle, au moment où la crise de l’ornementation architecturale établit les termes du débat pour le siècle à venir. Le début du XXe siècle privilégie ainsi une décoration dépouillée dont les caractéristiques formelles recoupent celles de la photographie : planéité, minceur, voire immatérialité, iconographie fragmentaire, tendance à la monochromie. Largement expérimentée en intérieur à partir des années 1930, notamment par Le Corbusier, la photographie, comme bien d’autres formes d’art et de décoration murale, entraine la dématérialisation du mur et ne s’intègre à l’architecture que pour mieux la faire disparaître. Sa migration vers la façade à la fin du XXe siècle cristallise l’inversion du rapport intérieur/extérieur à l’œuvre dans la postmodernité : façade et image fusionnent en même temps qu’elles se dissolvent. Comme on s’accorde désormais à le dire, l’ornement n’a pas disparu avec l’avènement du modernisme. Et le photographique permet de reconnaitre les mutations à l’œuvre, depuis le XIXe siècle, dans ses réseaux de production et de diffusion, jusqu’au sens « contemporain » que lui restitue notre époque.

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