L'homme est un balancier qui frappe une monnaie à son <br />coin. La quadruple porte l'empreinte de l'empereur, <br />la médaille du pape, le jeton du fou. <br /> <br />Je marque mon jeton à ce jeu de la vie où nous perdons <br />coup sur coup et où le diable, pour en finir, râfle <br />joueurs, dés et tapis vert. <br /> <br />L'empereur dicte des ordres à ses capitaines, le pape <br />adresse des bulles à la chrétienté, et le fou écrit un <br />livre. <br /> <br />Mon livre, le voilà tel que je l'ai fait et tel qu'on <br />doit le lire, avant que les commentateurs ne l'obscur- <br />cissent de leurs éclaircissements. <br /> <br />Mais ce ne sont point ces pages souffreteuses, humble <br />labeur ignoré des jours présents, qui ajouteront quelque <br />lustre à la renommée poétique des jours passés. <br /> <br />Et l'églantine du ménestrel sera fanée que fleurira <br />toujours la giroflée, chaque printemps, aux gothiques <br />fenêtres des châteaux et des monastères.<br /><br />Aloysius Bertrand<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/a-m-charles-nodier/