La bataille sans s'affaisser <br />Titubait dans l'orgie et dans le sang: <br />Son trop gros ventre l'entraînant <br />Jusqu'où les canons sur sa nuque <br />Hargneusement tombaient comme des marteaux mécaniques; <br />Là, tel un sanglier dans les glands frais, <br />Elle croula... <br /> <br />Ce soir, de la bataille il ne resta <br />Que le bras noir et suppliant de leur dernier soldat <br />Tout droit. <br />Mais il suffit pour fracasser le ciel qui avait fui, <br />Comme une seule torche folle <br />Suffit pour fracasser la cage de la nuit. <br /> <br />Un bras: le geste <br />D'un homme, qui aurait prié et pardonné; <br />L'ombre d'un aigle qui frôlait la terre; <br />Un cri transi d'effroi, <br /> <br />Comme une sépulture, <br />Eternellement <br />Noir parmi le soleil; <br />Un bras brandi brave la mort des siècles.<br /><br />Yvan Goll<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/el-gie/
