Encore un poème des fleurs du mal mis en musique par Léo Ferré en 1967, « A une passante » fait partie de la section intitulée « tableaux parisiens » qui évoque les rues de la capitale et les rencontres qu'on peut y faire (un poème qui n'apparaît que dans la réédition augmentée de 1861) <br />C'est le récit d'une rencontre de hasard entre le poète et une mystérieuse passante , un de ces « coups de foudre » comme on peut en trouver dans les romans et qui se mettrait en place dès le premier échange de regards Une femme qui incarne l'idéal féminin (il la compare à une statue) mais qui est à la fois attirante et intimidante C'est un amour idéalisé et donc hors de portée et voué à l'échec Cette rencontre furtive laisse en fin de compte vite place à la déception, à la douleur lors du retour au monde réel Mais le poète, hypersensible se décrivant lui-même comme un personnage assez grotesque et qui ressent la foule comme une agression, ,n'attendant pas grand-chose de la vie s'est vu renaître l'espace d'un instant! <br />Un poème qui baigne dans un climat un peu surnaturel, un instant figé dans l'éternité que là encore Ferré a très bien illustré par une certaine immobilité avec ses arpèges répétés <br /> <br />La rue assourdissante autour de moi hurlait. <br />Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, <br />Une femme passa, d'une main fastueuse <br />Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ; <br />Agile et noble, avec sa jambe de statue. <br />Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, <br />Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, <br />La douceur qui fascine et le plaisir qui tue. <br />Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté <br />Dont le regard m'a fait soudainement renaître, <br />Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? <br />Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! <br />Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, <br />Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !