Ecoute le ney (la flûte de roseau) raconter une histoire, il se lamente de la séparation : <br />" Depuis qu'on m'a coupé de la jonchaie, ma plainte fait gémir l'homme et la femme. <br />" Je veux un cœur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir. <br />"Quiconque demeure loin de sa source aspire à l'instant où il lui sera à nouveau uni. <br />"Moi, je me suis plaint en toute compagnie, je me suis associé à ceux qui se réjouissent comme à ceux qui pleurent. <br />" Chacun m'a compris selon ses propres sentiments ; mais nul n'a cherché à connaître mes secrets. <br />" Mon secret, pourtant, n'est pas loin de ma plainte, mais l'oreille et l'œil ne savent le percevoir. <br />" Le corps n'est pas voilé à l'âme, ni l'âme au corps ; cependant, nul ne peut voir l'âme. <br />" C'est du feu, non du vent, le son de la flûte : que s'anéantisse celui à qui manque cette flamme ! <br />" C'est le feu de l'Amour qui est dans le roseau, c'est l'ardeur de l'Amour qui fait bouillonner le vin. <br />" La flûte est la confidente de celui qui est séparé de son Ami : ses accents déchirent nos voiles. <br />" Qui vit jamais un poison et un antidote comme la flûte ? Qui vit jamais un consolateur et un amoureux comme la flûte ? <br />" La flûte parle de la Voie ensanglantée de l'Amour, elle rappelle l'histoire de la passion de Madjnûn. <br />" A celui-là seul qui a renoncé au sens est confié ce sens : la langue n'a d'autre client que l'oreille. <br />" Dans notre affliction, les jours sont devenus moroses ; nos jours cheminent avec les peines brûlantes. <br />" Si nos jours se sont enfuis, qu'importe ! Demeure, ô Toi à la sainteté de nul n'est comparable ! <br />" Quiconque n'est pas un poisson devient abreuvé de Son eau ; quiconque est privé du pain quotidien trouve la journée longue. <br />Celui qui n'a point d'expérience ne peut comprendre l'état de celui qui sait ; mes paroles doivent donc être brèves. Adieu !" <br /> <br />Djalāl ad-Dīn Muḥammad Rūmī (1207 – 1273). <br />Mystique persan, il a profondément influencé le soufisme. <br /> <br />Il reçut très tôt le surnom de Mawlānā, qui signifie « notre maître ». <br />Son nom est intimement lié à l’ordre des « derviches tourneurs » ou mevlevis, une des principales confréries soufies de l’islam, qu’il fonda. <br /> <br />La plupart de ses écrits lui ont été inspirés par son meilleur ami, <br />Shams ed Dîn Tabrîzî, dont le nom peut être traduit par <br />« Soleil de la religion » et qui était originaire de Tabriz, <br />ville se trouvant en Iran. <br /> <br />Ambiance musicale : ney. <br />Soliste : Nayeb Asdollah. <br />Il a vécu à la fin du 19e siècle. <br />http://persianney.com/players.html <br /> <br />Illustration : ‘Sound of the Flute’, tableau de Dominic Koval. <br />Gallerie ‘at the Well of Stars’, Lake Elmore, Vermont, USA. <br />Avec l’aimable permission de l’artiste. <br />http://www.wellofstars.com/Painting/Painting-Solo_Pages/Flute.html
