N'attendez pas de moi que je vais vous donner <br />Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ; <br />La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière, <br />Dans les champs, dans les bois, est partout la première. <br />Je suis par le printemps vaguement attendri. <br />Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ; <br />Je sens devant l'enfance et devant le zéphyre <br />Je ne sais quel besoin de pleurer et de rire ; <br />Mai complète ma joie et s'ajoute à mes pleurs. <br />Jeanne, George, accourez, puisque voilà des fleurs. <br />Accourez, la forêt chante, l'azur se dore, <br />Vous n'avez pas le droit d'être absents de l'aurore. <br />Je suis un vieux songeur et j'ai besoin de vous, <br />Venez, je veux aimer, être juste, être doux, <br />Croire, remercier confusément les choses, <br />Vivre sans reprocher les épines aux roses, <br />Être enfin un bonhomme acceptant le bon Dieu. <br /> <br />Ô printemps ! bois sacrés ! ciel profondément bleu ! <br />On sent un souffle d'air vivant qui vous pénètre, <br />Et l'ouverture au loin d'une blanche fenêtre ; <br />On mêle sa pensée au clair-obscur des eaux ; <br />On a le doux bonheur d'être avec les oiseaux <br />Et de voir, sous l'abri des branches printanières, <br />Ces messieurs faire avec ces dames des manières.<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/apr-s-l-hiver-ii/
