Si vous continuez d'être ainsi toute pâle <br />Dans notre air étouffant, <br />Si je vous vois entrer dans mon ombre fatale, <br />Moi vieillard, vous enfant ; <br /> <br />Si je vois de nos jours se confondre la chaîne, <br />Moi qui sur mes genoux <br />Vous contemple, et qui veux la mort pour moi prochaine, <br />Et lointaine pour vous ; <br /> <br />Si vos mains sont toujours diaphanes et frêles, <br />Si, dans vôtre berceau, <br />Tremblante, vous avez l'air d'attendre des ailes <br />Comme un petit oiseau ; <br /> <br />Si vous ne semblez pas prendre sur notre terre <br />Racine pour longtemps, <br />Si vous laissez errer, Jeanne, en notre mystère <br />Vos doux yeux mécontents ; <br /> <br />Si je ne vous vois pas gaie et rose et très forte, <br />Si, triste, vous rêvez, <br />Si vous ne fermez pas derrière vous la porte <br />Par où vous arrivez ; <br /> <br />Si je ne vous vois pas comme une belle femme <br />Marcher, vous bien porter, <br />Rire, et si vous semblez être une petite âme <br />Qui ne veut pas rester, <br /> <br />Je croirai qu'en ce monde où le suaire au lange <br />Parfois peut confiner, <br />Vous venez pour partir, et que vous êtes l'ange <br />Chargé de m'emmener.<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/a-l-enfant-malade-pendant-le-si-ge-2/
