(extrait) <br /> <br />Le bleu matin dorait l'herbe dans les fossés ; <br />Les froids tombeaux, devant le porche de l'église, <br />Dormaient. Au coin du bois Pierre rencontra Lise, <br />Et lui dit : - Viens. - Où donc ? - Au bois. - je ne veux pas. <br />Les moissonneurs prenaient à l'ombre leur repas ; <br />Les gais pinsons jouaient sur les pierres des tombes. <br />- Oh ! là-bas, sur ce toit, vois toutes ces colombes ! <br />Dit-elle ; et Pierre dit : - C'est chez moi qu'on les voit. <br />Viens les voir. J'ai ma chambre au bord de ce vieux toit. <br />J'ai chez moi la colombe et sa soeur l'hirondelle. <br />Tu pourras dans tes mains les prendre. - Vrai ? dit-elle, <br />Dans mes mains ? - Dans tes mains ! Viens-tu ? - Je n'ose pas. <br />Le sentier, complaisant ou traître, pas à pas, <br />Les mena tous les deux, pensifs, vers la chaumière. <br />Tout le long du chemin Lise avait peur de Pierre. <br />Pierre dit : - C'est ici. - Dans l'escalier étroit <br />Leurs souffles se mêlaient. Les colombes du toit, <br />Les entendant venir, fuirent à tire-d'aile. <br />- Où donc est la colombe ? où donc est l'hirondelle ? <br />Dit Lise ; et Pierre dit tout bas : - Ô ma beauté, <br />Les oiseaux sont partis, mais l'amour est resté. <br />Des roses emplissaient ce nid d'une odeur d'ambre ; <br />Elle entra rougissante... -<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/deux-voix-dans-le-ciel/