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Victor Marie Hugo - Fulgur

2014-11-10 4 Dailymotion

L'océan me disait : Ô poëte, homme juste, <br />J'ai parfois comme toi cette surprise auguste <br />Qu'il me descend des cieux une immense rougeur ; <br />Et je suis traversé tout à coup, ô songeur, <br />Par la foudre sublime, irritée et haïe <br />Comme toi par l'esprit sinistre d'Isaïe ; <br />Les éclairs sont mes cris, les foudres sont ma voix ; <br />Je gronde sur l'écueil comme toi sur les rois ; <br />Je suis l'avertisseur brusque, horrible et céleste. <br />L'énorme bras de feu m'associe à son geste <br />Quand il menace l'ombre et le bagne infernal. <br />On est beau par Virgile et grand par Juvénal, <br />Et mon gouffre le sait aussi bien que ton âme ; <br />J'ai, comme toi, l'azur, une douceur de femme, <br />Une gaîté d'enfant, des vagues pleines d'yeux, <br />Des aurores où rit le ciel prodigieux, <br />Des écumes parfois blanches comme les cygnes ; <br />Les astres par-dessus mes flots se font des signes, <br />Et se disent : Viens donc te mirer dans la mer. <br />Je suis le niveau pur, le précipice clair ; <br />J'offre mes gouttes d'eau nuit et jour aux brins d'herbe. <br />Mais je fais peu de cas de tout ce bleu superbe, <br />De ce vaste sourire épanoui sur tout, <br />De cette grâce où l'ombre en clarté se dissout, <br />De ces flots de cristal, de ces ondes de moire ; <br />Et le passage affreux du tonnerre est ma gloire.<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/fulgur/

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