Quelqu'un connaît-il ma cachette ? <br />C'est un lieu calme, où le ciel clair <br />En un jour de printemps rachète <br />Le mal qu'ont fait six mois d'hiver. <br /> <br />Il y coule des eaux charmantes ; <br />L'iris y naît dans les roseaux ; <br />Et le murmure des amantes <br />S'y mêle au babil des oiseaux. <br /> <br />Là vivent, dans les fleurs, des groupes <br />Épars, et parfois réunis, <br />Avec des chants au fond des coupes <br />Et le silence au fond des nids. <br /> <br />La grâce de cette ombre heureuse <br />Et de ce verdoyant coteau <br />Semble faite des pleurs de Greuze <br />Et du sourire de Watteau. <br /> <br />Paris dans les brumes se plonge ; <br />Et le cabaret de Régnier <br />Ne vaut pas une heure de songe <br />Sous les branches d'un châtaignier. <br /> <br />Les plus belles choses du rêve <br />Sont celles qu'admet l'antre frais, <br />Et que confusément achève <br />Le balancement des forêts. <br /> <br />Je comprends peu qu'on soit superbe <br />Et qu'il existe des méchants, <br />Puisqu'on peut se coucher dans l'herbe <br />Et qu'il fait clair de lune aux champs. <br /> <br />Toutes les fleurs sont un langage <br />Qui nous recommande l'amour, <br />Qui nous berce, et qui nous engage <br />A mettre dans nos coeurs le jour. <br /> <br />Les vagues robes brillantées, <br />Les seins blancs et les jeunes voix <br />Des Phyllis et des Galatées <br />Conseillent le rire et les bois.<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/chanson-d-autrefois/
