Je ne me mets pas en peine <br />Du clocher ni du beffroi ; <br />Je ne sais rien de la reine, <br />Et je ne sais rien du roi ; <br /> <br />J'ignore, je le confesse, <br />Si le seigneur est hautain, <br />Si le curé dit la messe <br />En grec ou bien en latin ; <br /> <br />S'il faut qu'on pleure ou qu'on danse, <br />Si les nids jasent entr'eux ; <br />Mais sais-tu ce que je pense ? <br />C'est que je suis amoureux. <br /> <br />Sais-tu, Jeanne, à quoi je rêve ? <br />C'est au mouvement d'oiseau <br />De ton pied blanc qui se lève <br />Quand tu passes le ruisseau. <br /> <br />Et sais-tu ce qui me gêne ? <br />C'est qu'à travers l'horizon, <br />Jeanne, une invisible chaîne <br />Me tire vers ta maison. <br /> <br />Et sais-tu ce qui m'ennuie ? <br />C'est l'air charmant et vainqueur, <br />Jeanne, dont tu fais la pluie <br />Et le beau temps dans mon coeur. <br /> <br />Et sais-tu ce qui m'occupe, <br />Jeanne ? c'est que j'aime mieux <br />La moindre fleur de ta jupe <br />Que tous les astres des cieux.<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/je-ne-me-mets-pas-en-peine/
