Ah ! c'est un rêve ! non ! nous n'y consentons point. <br />Dresse-toi, la colère au coeur, l'épée au poing, <br />France ! prends ton bâton, prends ta fourche, ramasse <br />Les pierres du chemin, debout, levée en masse ! <br />France ! qu'est-ce que c'est que cette guerre-là ? <br />Nous refusons Mandrin, Dieu nous doit Attila. <br />Toujours, quand il lui plaît d'abattre un grand empire, <br />Un noble peuple, en qui le genre humain respire, <br />Rome ou Thèbes, le sort respectueux se sert <br />De quelque monstre auguste et fauve du désert. <br />Pourquoi donc cet affront ? c'est trop. Tu t'y résignes, <br />Toi, France ? non, jamais. Certes, nous étions dignes <br />D'être dévorés, peuple, et nous sommes mangés ! <br />C'est trop de s'être dit : - Nous serons égorgés <br />Comme Athène et Memphis, comme Troie et Solime, <br />Grandement, dans l'éclair d'une lutte sublime ! - <br />Et de se sentir mordre, en bas, obscurément, <br />Dans l'ombre, et d'être en proie à ce fourmillement, <br />Les pillages, les vols, les pestes, les famines <br />D'espérer les lions, et d'avoir les vermines !<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/ah-c-est-un-r-ve-non-nous-n-y-consentons-point/