J'atteignais l'âge austère où l'on est fort en thème, <br />Où l'on cherche, enivré d'on ne sait quel parfum, <br />Afin de pouvoir dire éperdument Je t'aime ! <br />Quelqu'un. <br /> <br />J'entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes ! <br />Jardins ! croissance obscure et douce du printemps ! <br />Et j'aimais Hermina, dans l'ombre. Elle avait, certes, <br />Huit ans. <br /> <br />Parfois, bien qu'elle fût à jouer occupée, <br />J'allais, muet, m'asseoir près d'elle, avec ferveur, <br />Et je la regardais regarder sa poupée, <br />Rêveur. <br /> <br />Il est une heure étrange où l'on sent l'âme naître ; <br />Un jour, j'eus comme un chant d'aurore au fond du coeur. <br />Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c'est l'instant d'être <br />Vainqueur ! <br /> <br />Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette, <br />Unissons nos destins. Je demande ta main. - <br />Elle me répondit par cette pichenette : <br />- Gamin !<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/hermina/