C'est la nuit ; la nuit noire, assoupie et profonde. <br />L'ombre immense élargit ses ailes sur le monde. <br />Dans vos joyeux palais gardés par le canon, <br />Dans vos lits de velours, de damas, de linon, <br />Sous vos chauds couvre-pieds de martres zibelines, <br />Sous le nuage blanc des molles mousselines, <br />Derrière vos rideaux qui cachent sous leurs plis <br />Toutes les voluptés avec tous les oublis, <br />Aux sons d'une fanfare amoureuse et lointaine, <br />Tandis qu'une veilleuse, en tremblant, ose à peine <br />Éclairer le plafond de pourpre et de lampas, <br />Vous, duc de Saint-Arnaud, vous, comte de Maupas, <br />Vous, sénateurs, préfets, généraux, juges, princes, <br />Toi, César, qu'à genoux adorent tes provinces, <br />Toi qui rêvas l'empire et le réalisas, <br />Dormez, maîtres... - Voici le jour. Debout, forçats !<br /><br />Victor Marie Hugo<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/c-est-la-nuit-la-nuit-noire-assoupie-et-profonde/
