O jeune adolescent! tu rougis devant moi. <br />Vois mes traits sans couleurs; ils pâlissent pour toi: <br />C'est ton front virginal, ta grâce, ta décence; <br />Viens. Il est d'autres jeux que les jeux de l'enfance. <br />O jeune adolescent, viens savoir que mon coeur <br />N'a pu de ton visage oublier la douceur. <br />Bel enfant, sur ton front la volupté réside. <br />Ton regard est celui d'une vierge timide. <br />Ton sein blanc, que ta robe ose cacher au jour, <br />Semble encore ignorer qu'on soupire d'amour. <br />Viens le savoir de moi. Viens, je veux te l'apprendre; <br />Viens remettre en mes mains ton âme vierge et tendre, <br />Afin que mes leçons, moins timides que toi, <br />Te fassent soupirer et languir comme moi; <br />Et qu'enfin rassuré, cette joue enfantine <br />Doive à mes seuls baisers cette rougeur divine. <br />Oh! je voudrais qu'ici tu vinsses un matin <br />Reposer mollement ta tête sur mon sein! <br />Je te verrais dormir, retenant mon haleine, <br />De peur de t'éveiller, ne respirant qu'à peine. <br />Mon écharpe de lin, que je ferais flotter, <br />Loin de ton beau visage aurait soin d'écarter <br />Les insectes volants dont les ailes bruyantes <br />Aiment à se poser sur les lèvres dormantes.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/o-jeune-adolescent/