Tu gémis sur l'Ida, mourante, échevelée, <br />O reine! ô de Minos épouse désolée! <br />Heureuse si jamais, dans ses riches travaux, <br />Cérès n'eût pour le joug élevé des troupeaux!... <br />Tu voles épier sous quelle yeuse obscure, <br />Tranquille, il ruminait son antique pâture, <br />Quel lit de fleurs reçut ses membres nonchalants, <br />Quelle onde a ranimé l'albâtre de ses flancs. <br />'O nymphes, entourez, fermez, nymphes de Crète, <br />De ces vallons, fermez, entourez la retraite, <br />Si peut-être vers lui des vestiges épars <br />Ne viendront point guider mes pas et mes regards.' <br />Insensée! à travers ronces, forêts, montagnes, <br />Elle court. O fureur! dans les vertes campagnes, <br />Une belle génisse à son superbe amant <br />Adressait devant elle un doux mugissement. <br />'La perfide mourra. Jupiter la demande.' <br />Elle-même à son front attache la guirlande, <br />L'entraîne, et sur l'autel prenant le fer vengeur: <br />'Sois belle maintenant, et plais à mon vainqueur.' <br />Elle frappe, et sa haine, à la flamme lustrale, <br />Rit de voir palpiter le coeur de sa rivale.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/pasiphae/
