Nymphe tendre et vermeille, ô jeune Poésie! <br />Quel bois est aujourd'hui ta retraite choisie? <br />Quelles fleurs, près d'une onde où s'égarent tes pas, <br />Se courbent mollement sous tes pieds délicats? <br />Où te faut-il chercher? Vois la saison nouvelle: <br />Sur son visage blanc quelle pourpre étincelle! <br />L'hirondelle a chanté; Zéphir est de retour: <br />Il revient en dansant; il ramène l'amour. <br />L'ombre, les prés, les fleurs, c'est sa douce famille, <br />Et Jupiter se plaît à contempler sa fille, <br />Cette terre où partout, sous tes doigts gracieux, <br />S'empressent de germer des vers mélodieux. <br />Le fleuve qui s'étend dans les vallons humides <br />Roule pour toi des vers doux, sonores, liquides. <br />Des vers, s'ouvrant en foule aux regards du soleil, <br />Sont ce peuple de fleurs au calice vermeil. <br />Et les monts, en torrents qui blanchissent leurs cimes, <br />Lancent des vers brillants dans le fond des abîmes.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/invocation-a-la-poesie/
