Pleurez, doux alcyons! ô vous, oiseaux sacrés, <br />Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez! <br /> <br />Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine! <br />Un vaisseau la portait aux bords de Camarine: <br />Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement <br />Devaient la reconduire au seuil de son amant. <br />Une clef vigilante a, pour cette journée, <br />Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée, <br />Et l'or dont au festin ses bras seraient parés, <br />Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés. <br />Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, <br />Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles <br />L'enveloppe; étonnée et loin des matelots, <br />Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. <br /> <br />Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine! <br />Son beau corps a roulé sous la vague marine. <br />Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher, <br />Aux monstres dévorants eut soin de le cacher. <br />Par ses ordres bientôt les belles Néréides <br />L'élèvent au-dessus des demeures humides, <br />Le portent au rivage, et dans ce monument <br />L'ont au cap du Zéphyr déposé mollement; <br />Puis de loin, à grands cris appelant leurs compagnes, <br />Et les nymphes des bois, des sources, des montagnes, <br />Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil, <br />Répétèrent, hélas! autour de son cercueil: <br /> <br />'Hélas! chez ton amant tu n'es point ramenée; <br />Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée; <br />L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds; <br />Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.'<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/la-jeune-tarentine/