Toi, de Mopsus ami! Non loin de Bérécynthe, <br />Certain satyre, un jour, trouva la flûte sainte <br />Dont Hyagnis calmait ou rendait furieux <br />Le cortège énervé de la mère des dieux. <br />Il appelle aussitôt du Sangar au Méandre <br />Les nymphes de l'Asie, et leur dit de l'entendre; <br />Que tout l'art d'Hyagnis n'était que dans ce bui; <br />Qu'il a, grâce au destin, des doigts tout comme lui. <br />On s'assied. Le voilà qui se travaille et sue, <br />Souffle, agite ses doigts, tord sa lèvre touffue, <br />Enfle sa joue épaisse, et fait tant qu'à la fin <br />Le buis résonne et pousse un cri rauque et chagrin. <br />L'auditoire étonné se lève, non sans rire, <br />Les éloges railleurs fondent sur le satyre, <br />Qui pleure, et des chiens même, en fuyant vers le bois, <br />Évite comme il peut les dents et les abois.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/le-satyre-et-la-flute/