Secrets observateurs, leur studieuse main <br />En des vases d'argile et de verre et d'airain <br />Enferme la nature et les riches campagnes. <br />Ce sont là leurs vallons, leurs forêts, leurs montagnes. <br />Barbares possesseurs, Procustes furieux, <br />Sous le niveau jaloux leur fer injurieux <br />Mutile sans pitié les plaintives dryades. <br />Le plomb, les murs de pierre enchaînant les naïades, <br />De bassins en bassins, de degrés en degrés, <br />Guident leur chute esclave et leurs pas mesurés, <br />Là, quelle muse libre et naïve et fidèle <br />Peut naître? Loin du bois, comme si Philomèle, <br />Sous leurs treillages peints dont la main du sculpteur <br />A ciselé l'acanthe ou le lierre imposteur, <br />Allait chercher ces sons dont le printemps s'honore, <br />Délices de la nuit, délices de l'aurore!<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/les-jardins-2/