Viens: là, sur des joncs frais ta place est toute prête. <br />Viens, viens, sur mes genoux viens reposer ta tête. <br />Les yeux levés sur moi, tu resteras muet, <br />Et je te chanterai la chanson qui te plaît. <br />Comme on voit, au moment où Phoebus va renaître, <br />La nuit prête à s'enfuir, le jour prêt à paraître, <br />Je verrai tes beaux yeux, les yeux de mon ami, <br />En un demi-sommeil se fermer à demi. <br />Tu me diras: 'Adieu, je dors, adieu, ma belle. <br />--Adieu, dirai-je, adieu, dors, mon ami fidèle, <br />Car le... aussi dort le front vers les cieux,' <br />Et j'irai te baiser et le front et les yeux. <br /> <br />Ne me regarde point; cache, cache tes yeux; <br />Mon sang en est brûlé; tes regards sont des feux. <br />Viens, viens. Quoique vivant, et dans ta fleur première, <br />Je veux avec mes mains te fermer la paupière, <br />Ou, malgré tes efforts, je prendrai tes cheveux <br />Pour en faire un bandeau qui te cache les yeux.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/chanson-des-yeux/
