Allons, muse rustique, enfant de la nature, <br />Détache ces cheveux, ceins ton front de verdure, <br />Va de mon cher de Pange égayer les loisirs. <br />Rassemble autour de toi tes champêtres plaisirs; <br />Ton cortège dansant de légères dryades, <br />De nymphes au sein blanc, de folâtres ménades. <br />Entrez dans son asile aux muses consacré, <br />Où de sphères, d'écrits, de beaux-arts entouré, <br />Sur les doctes feuillets sa jeunesse prudente <br />Pâlit au sein des nuits près d'une lampe ardente. <br />Hélas! de tous les dieux il n'eut point les faveurs. <br />Souvent son corps débile est en proie aux douleurs. <br /> <br />Muse, implore pour lui la Santé secourable, <br />Cette reine des dieux sans qui rien n'est aimable, <br />Qui partout fait briller le sourire, les jeux, <br />Les grâces, le printemps. Qu'indulgente à tes voeux, <br />Le dictame à la main, près de lui descendue, <br />Elle vienne avec toi présenter à sa vue <br />Cette jeunesse en fleur, et ce teint pur et frais, <br />Et le baume et la vie épars dans tous ses traits. <br />Dis-lui: 'Belle Santé, déesse des déesses, <br />Toi sans qui rien ne plaît, ni grandeurs, ni richesses, <br />Ni chansons, ni festins, ni caresses d'amours, <br />Viens, d'un mortel aimé viens embellir les jours. <br />Touche-le de ta main qui répand l'ambroisie. <br />Ainsi tu nous verras, troupe agreste et choisie, <br />Les hymnes à la bouche, entourer tes autels, <br />Santé, reine des dieux, nourrice des mortels.'<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/a-la-sante/
