Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée, <br />O Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée; <br />Viens, tel que tu parus aux déserts de Naxos <br />Quand tu vins rassurer la fille de Minos. <br />Le superbe éléphant, en proie à ta victoire, <br />Avait de ses débris formé ton char d'ivoire. <br />De pampres, de raisins mollement enchaîné, <br />Le tigre aux larges flancs de taches sillonné, <br />Et le lynx étoilé, la panthère sauvage, <br />Promenaient avec toi ta cour sur ce rivage. <br />L'or reluisait partout aux axes de tes chars. <br />Les Ménades couraient en longs cheveux épars <br />Et chantaient Évoé, Bacchus et Thyonée, <br />Et Dionyse, Évan, Iacchus et Lénée, <br />Et tout ce que pour toi la Grèce eut de beaux noms. <br />Et la voix des rochers répétait leurs chansons, <br />Et le rauque tambour, les sonores cymbales, <br />Les hautbois tortueux, et les doubles crotales <br />Qu'agitaient en dansant sur ton bruyant chemin <br />Le faune, le satyre et le jeune Sylvain, <br />Au hasard attroupés autour du vieux Silène, <br />Qui, sa coupe à la main, de la rive indienne, <br />Toujours ivre, toujours débile, chancelant, <br />Pas à pas cheminait sur son âne indolent.<br /><br />Andre Marie de Chenier<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/bacchus-5/