La nuit est noire et le ciel sans étoiles; <br />Le vent mugit et frappe, en vain, nos voiles <br />Que durcissent les frimas. <br />Adieu patrie ! adieu, plus d'espérance. <br />Adieu ma femme et ma chère Clémence, <br />Vous ne me reverrez pas. <br /> <br />De la tempête augmente la furie; <br />La mer blanchit le navire qui crie, <br />C'en est fait, nous coulons bas! <br />Adieu patrie ! adieu, plus d'espérance. <br />Adieu ma femme et ma chère Clémence, <br />Vous ne me reverrez pas. <br /> <br />Vous m'attendez à cette heure peut-être, <br />Et vous croyez toujours me voir paraître <br />Froid et couvert de frimas. <br />Adieu patrie ! adieu, plus d'espérance. <br />Adieu ma femme et ma chère Clémence, <br />Vous ne me reverrez pas. <br /> <br />Au cap lointain vaccille une lumière... <br />Mais le vaisseau brisé sombre à l'arrière, <br />Tous s'élancent dans les mâts. <br />Adieu patrie ! adieu, plus d'espérance. <br />Adieu ma femme et ma chère Clémence, <br /> <br />Vous ne me reverrez pas. <br /> <br />Tout disparut sous la vague profonde; <br />Et le marin qui luttait contre l'onde <br />Répétait encor tout bas: <br />Adieu patrie ! adieu, plus d'espérance. <br />Adieu ma femme et ma chère Clémence, <br />Vous ne me reverrez pas.<br /><br />Francois-Xavier Garneau<br /><br />http://www.poemhunter.com/poem/le-marin/
