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Jean Ferrat-J'entends j'entends (poème d'Aragon)

2015-01-16 123 Dailymotion

En 1971 sort l’album « Ferrat chante Aragon » qui sera vendu à deux millions d’exemplaires : <br />Jean Ferrat y propose des versions nouvelles des chansons sur des poèmes d’Aragon qu’il avait déjà enregistrées auparavant <br />Elles le sont toutes sur des poèmes récents d’Aragon puisque « j’entends j’entends » chanté en 1961 était écrit sur un poème de l’année précédente extrait du recueil « Les poètes » <br />Il exprime la difficulté pour un poète (et un militant) de communiquer avec ses lecteurs, d’être compris et entendu, nous délivre ses espoirs humanistes pour arriver à changer le monde pour qu’il soit meilleur, sa volonté d’être utile tout en regrettant une forme d’incapacité (c’est un rêve irréalisable comme il le dit à la fin du poème !) <br />Pour « j’entends j’entends » Ferrat a sans doute écrit une de ses plus belles musiques (Le poème et la musique sont totalement en osmose) C’est une chanson pour laquelle j’ai eu un coup de cœur déjà enfant : même si bien sur je ne comprenais pas alors toute la subtilité du texte, j’en appréciais la musique et la sonorité des mots ! <br />Cela faisait longtemps que j’en avais envie de m’y coller et c’est chose faite avec cet accompagnement que je viens d’écrire pour le piano <br /> <br /> <br />J’en ai tant vu qui s’en allèrent <br />Ils ne demandaient que du feu <br />Ils se contentaient de si peu <br />Ils avaient si peu de colère <br />J’entends leurs pas j’entends leurs voix <br />Qui disent des choses banales <br />Comme on en lit sur le journal <br />Comme on en dit le soir chez soi <br />Ce qu’on fait de vous hommes femmes <br />O pierre tendre tôt usée <br />Et vos apparences brisées <br />Vous regarder m’arrache l’âme <br /> <br />Les choses vont comme elles vont <br />De temps en temps la terre tremble <br />Le malheur au malheur ressemble <br />Il est profond profond profond <br />Vous voudriez au ciel bleu croire <br />Je le connais ce sentiment <br />J’y crois aussi moi par moments <br />Comme l’alouette au miroir <br />J’y crois parfois je vous l’avoue <br />A n’en pas croire mes oreilles <br />Ah je suis bien votre pareil <br />Ah je suis bien pareil à vous <br /> <br />A vous comme les grains de sable <br />Comme le sang toujours versé <br />Comme les doigts toujours blessés <br />Ah je suis bien votre semblable <br />J’aurais tant voulu vous aider <br />Vous qui semblez autres moi-même <br />Mais les mots qu’au vent noir je sème <br />Qui sait si vous les entendez <br />Tout se perd et rien ne vous touche <br />Ni mes paroles ni mes mains <br />Et vous passez votre chemin <br />Sans savoir que ce que dit ma bouche <br /> <br />Votre enfer est pourtant le mien <br />Nous vivons sous le même règne <br />Et lorsque vous saignez je saigne <br />Et je meurs dans vos mêmes liens <br />Quelle heure est-il quel temps fait-il <br />J’aurais tant aimé cependant <br />Gagner pour vous pour moi perdant <br />Avoir été peut-être utile <br />C’est un rêve modeste et fou <br />Il aurait mieux valu le taire <br />Vous me mettrez avec en terre <br />Comme une étoile au fond d’un trou

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