Bercy 1999 <br /> <br />LES DINGUES ET LES PAUMES <br /> <br /> Les dingues et les paumés jouent avec leurs manies. <br /> Dans leurs chambres blindées, leurs fleurs sont carnivores <br /> Et quand leurs monstres crient trop près de la sortie, <br /> Ils accouchent des scorpions et pleurent des mandragores <br /> Et leurs aéroports se transforment en bunkers, <br /> À quatre heures du matin derrière un téléphone. <br /> Quand leurs voix qui s´appellent se changent en revolvers <br /> Et s´invitent à calter en se gueulant "come on!" <br /> <br /> Les dingues et les paumés se cherchent sous la pluie <br /> Et se font boire le sang de leurs visions perdues <br /> Et dans leurs yeux-mescal masquant leur nostalgie. <br /> Ils voient se dérouler la fin d´une inconnue. <br /> Ils voient des rois-fantômes sur des flippers en ruine, <br /> Crachant l´amour-folie de leurs nuits-métropoles. <br /> Ils croient voir venir Dieu ils relisent Hölderlin <br /> Et retombent dans leurs bras glacés de baby-doll. <br /> <br /> Les dingues et les paumés se traînent chez les Borgia <br /> Suivis d´un vieil écho jouant du rock ´n´ roll <br /> Puis s´enfoncent comme des rats dans leurs banlieues by night, <br /> Essayant d´accrocher un regard à leur khôl <br /> <br /> Et lorsque leurs tumbas jouent à guichet fermé, <br /> Ils tournent dans un cachot avec la gueule en moins <br /> Et sont comme les joueurs courant décapités <br /> Ramasser leurs jetons chez les dealers du coin. <br /> <br /> Les dingues et les paumés s´arrachent leur placenta <br /> Et se greffent un pavé à la place du cerveau <br /> Puis s´offrent des mygales au bout d´un bazooka <br /> En se faisant danser jusqu´au dernier mambo. <br /> Ce sont des loups frileux au bras d´une autre mort, <br /> Piétinant dans la boue les dernières fleurs du mal. <br /> Ils ont cru s´enivrer des chants de Maldoror <br /> Et maintenant, ils s´écroulent dans leur ombre animale. <br /> <br /> Les dingues et les paumés sacrifient Don Quichotte <br /> Sur l´hôtel enfumé de leurs fibres nerveuses <br /> Puis ils disent à leur reine en riant du boycott : <br /> "La solitude n´est plus une maladie honteuse. <br /> Reprends tes walkyries pour tes valseurs maso. <br /> Mon cheval écorché m´appelle au fond d´un bar <br /> Et cet ange qui me gueule : "viens chez moi, mon salaud" <br /> M´invite à faire danser l´aiguille de mon radar."