Chaque jour j'émerge du sommeil <br />Dans un monde absurde, <br />Je me lève, déjà je suis en retard. <br />J'avale un café et je me brûle en subissant les mensonges, <br />Qu'on déverse le matin sur les ondes. <br /><br />C'est lundi et le cafard <br />Me ronge en dévalant, <br />Les marches de l'escalier <br />Quatre à quatre. <br />Dans la gare je me faufile à <br />Travers le troupeau <br />Des zombies qui courent vers le bureau. <br /><br />Je veux tenir tête, lui faire sa fête, <br />Mais ce monde absurde rien ne l'arrête ; <br />Je voudrais le fuir, <br />Mais il se rappelle à mon souvenir. <br /><br />Le bonheur simple, se fait rare, <br />Cette vie absurde, tourne au cauchemar ; <br />Le réveil sera sans pitié <br />Car sans appel est la réalité. <br /><br />Compressé dans la rame, <br />Je grimace et serre les poings, <br />Les grands espaces défilent dans ma tête. <br /><br />Je pense aux forêts, <br />Aux océans et aux tempêtes, <br />Mais lorsque la porte s'ouvre enfin... <br /><br />Je retrouve Châtelet-Les-Halles <br />Et mon coeur se soulève, <br />J'appréhende la journée qui <br />M'attend ; <br />Huit heures à souiller mon âme, <br />À refouler mes rêves, <br />Noircir mes poumons de l'air <br />Du temps. <br /><br />Il est midi les copains font <br />La queue chez Mc Do, <br />Pour engloutir un Big Mac tout <br />Chaud. <br />Je bouffe tout seul sur un <br />Banc au milieu des pigeons, <br />Un casse-dalle au fromage et <br />Au jambon. <br /><br />Les sales bestioles se ruent <br />Sur les miettes <br />Qui tombent par terre, <br />Formant un gros nuage de poussière ; <br />Pendant qu' je tape la discute <br />Avec un vieux charclo, <br />Qui m'raconte Paris mieux que <br />Doisneau. <br /><br />Ma journée absurde est enfin <br />Presque terminée, <br />Les réverbères se sont allumés <br />Arrivé sur l'quai du R.E.R., <br />C'est la panique : <br />«Interruption prolongée du trafic ». <br /><br />Quand la rage monte en moi <br />J'essaye de rester sage : <br />Mon vieux tu pourrais être au chômage, <br />Tu pourrais être ce mec <br />Broyé sur les rails à l'heure de pointe <br />N'empêche, <br />J'suis pas prêt, d'arriver à Villepinte.