La vieillesse cette folle aux doigts crochus <br />Berce maintenant mes angoisses nocturnes <br />Déposées là depuis la nuit des temps <br />Bouteille à la mer des choses indicibles <br />Les mots se perdent dans le fracas de l’océan. <br />Mots éparpillés comme des embruns, <br />Qui s’évaporent dans l’infini <br />Puis reviennent , en pluie douce et fine <br />Chuchoter les secrets de l’insondable , <br />Murmurer les mystères de l’absolu. <br />Entendez-vous bruire le vide ? <br />Est-ce l’éternité qui cogne à la porte ? <br />La vie, cette danseuse de corde lisse <br />Funambule agrippée à son balancier <br />Et qui sait que tôt ou tard <br />À la fin d’une valse macabre <br />La mort défera le canevas <br />coupera le fil, et qu’il ne restera rien <br />d’un amour qui finit sa course <br />Dans le ravin sombre du silence <br />Les mots se gèlent au fond de mon âme <br />Et mon cœur est glacé comme marbre <br />Le néant peut-il s’anéantir rien qu’un instant ? <br />Tiens, offre-moi donc un verre de « la fée verte » <br />L’absinthe nous distillera son venimeux oubli <br />Avant de sombrer, accrochons-nous fort l’un l’autre <br />Viens, n’aie pas peur de plonger, je te retiens ! <br />© Françoise Chapron <br /> <br />Illustration : Femme fatiguée, ivre (1902) <br />de Pablo Picasso.