Jean-Roger Caussimon avait semble t-il l’habitude de commencer son tour de chant par « la chanson des comédiens » pour rendre hommage à ce « fichu métier qu’il a aimé d’amour » ! <br />A 8 ans Caussimon se passionne en effet pour le théâtre en découvrant Ruy Blas à Bordeaux ou il passe son enfance C’est pour lui une révélation et il devient élève au conservatoire de cette ville remportant le premier prix de comédien Il se produit alors comme régisseur et acteur au Théâtre Trianon Puis sur le conseil d’Henri Bosc part tenter sa chance à la capitale en entrant au conservatoire comme auditeur dans la classe de Louis Jouvet qui le prendra sous son aile <br />Il écrit plusieurs pièces et on pourra le voir aussi bien au théâtre qu’à la TV ainsi qu’au cinéma dans des roles variés depuis « le juge et l’assassin » (le chanteur des rues) jusqu’à « Fantomas contre Scotland Yard » (Lord Mac Rashley) qui permettra à un jeune public dont je fais partie de le découvrir sans connaître alors son nom! <br />Plus tard comme je le disais dans ma précédente reprise des « cœurs purs » dès 1970 il délaissera ce métier de comédien au profit de celui de chanteur-auteur mais il le conservera dans son cœur comme il le précise dans cette chanson <br />Un titre dont la musique a été écrite par son fidéle collaborateur Eric Robrecht dans un style théatral assez inspiré par la musique baroque (Caussimon y cite Molière) <br />Une musique très bien écrite dont j’ai restitué l’accompagnement au piano dans la version inédite enregistrée en live au lapin agile en 72 Un compositeur qui il faut le préciser avait remporté le premier prix d’ harmonie au conservatoire de Bruxelles <br />J'ajoute que cette chanson étant un peu basse pour ma tessiture, je l'ai élevée d'un ton <br /> <br /> <br />Les comédiens, <br />On dit souvent <br />"Ça vend du vent <br />À la sauvette" <br />Ils vont de scène en scène et partent en tournée <br />Et dès qu'ils sont vêtus <br />Des habits qu'on leur prête <br />Ils deviennent Jésus <br />Harpagon ou Hamlet <br /> <br />Les comédiens <br />Ne seraient rien <br />Sans les lumières <br />Et comme ils veulent plaire et veulent être aimés <br />Ils jouent, même en plein jour, comme disait Molière <br />"Devant que les chandelles aient été allumées" <br /> <br />Les comédiens <br />Disent les gens <br />C'est plus changeant <br />Que girouettes <br />Ils jouent avec le Mal, ils jouent avec le Bien <br />Ils versent de vrais pleurs <br />Ou font la pirouette <br />Ils ont de faux bonheurs <br />Ils ont de faux chagrins <br /> <br />Les comédiens <br />Quand le soir vient <br />Se reconnaissent <br />Ils savent qu'ils existent au creux de leur miroir <br />Lorsque le fond de teint leur rend une jeunesse <br />Qu'ils démaquilleront, vers minuit moins le quart <br /> <br />Les comédiens <br />Disent les gens <br />Ont bien souvent <br />Des amourettes <br />À force de jouer, ils se prennent au jeu <br />Sans être Roméo <br />On s'éprend de Juliette <br />Juste le temps qu'il faut <br />Pour en souffrir, un peu <br /> <br />Les comédiens <br />Quand l'âge vient <br />Quittent la scène <br />Et quand il leur advient de vivre de longs jours <br />Sur cour ou sur jardin, tous seuls, ils se souviennent <br /> <br />De ce fichu métier qu'ils ont aimé d'amour !
