VERY FEW WORDS <br />2:56 <br />Une relation très intéressante qui a beaucoup compté dans mes années d’apprentissage. <br />J’ai rencontré Sonny Rollins à une époque où il n’avait pas d’orchestre. Il cherchait un local pour répéter. Je lui ai proposé de répéter chez moi. J’avais un piano, une batterie et bien sûr une contrebasse. Il a alors appelé un pianiste de Finlande et un batteur qui sortait juste du conservatoire à Boston. On a joué pendant un mois tous les quatre dans mon salon, à raison de 3 ou 4 fois par semaine. Sonny parlait très peu. Il disait bonjour, sortait son instrument, s’installait sur le canapé dans une unique position et restait là à jouer pendant 4 heures au moins sans même aller aux toilettes. <br />Nous n’avons jamais joué en concert. Au bout de 6 mois, il a changé d’avis. J’ai vu dans le journal « Sonny Rollins au Village Gate. » Avec Ron Carter, A. Daily et je crois A. Foster. Je suis allé au concert. Je ne savais pas pourquoi il ne nous avait pas engagé. J’ignorais où il avait trouvé le temps de former ce nouvel orchestre, parce qu’il était constamment avec moi. Je me suis adressé à lui. Sony est un grand gaillard comparé à moi. J’ai essayé de lui poser une question. Alors ,il m’a serré contre lui, mon visage s’est retrouvé collé contre son corps, et plus j’essayais de parler, plus il me serrait. Finalement, j’ai arrêté de lui parler et il m’a lâché. Nous nous sommes regardés et la conversation s’est arrêtée là. Sonny, sans dire un seul mot m’a donné la réponse à ma question. Bien que je ne comprenne pas sa manière de faire, j’ai toujours respecté ses choix musicaux et artistiques, et je lui suis très reconnaissant de m’avoir permis de jouer avec lui.