On a souvent comparé à juste titre Yves Duteil à un artisan tout comme l'était Brassens avant lui (ce dernier fut un peu son "père spirituel") Ainsi cette chanson qui date du début de sa carrière (Album "j'attends"(1976) lui a pris deux ans de travail pour peaufiner son texte dans le moindre détail Cela a donné ce petit joyau romantique dont je vous livre ici une version inédite piano-voix. (l'original était à la guitare mais je trouve que cette chanson passe aussi bien au piano) <br /> <br />Quand les bateaux reviennent <br /> Il reste sur leurs flancs <br /> Des lambeaux décevants <br /> Du vent qui les emmène <br /> Quand les bateaux reviennent... <br /> Et les marins du bord <br /> Voient grandir la falaise <br /> Et le curieux malaise <br /> Et les lueurs du port <br /> Où les femmes au matin <br /> Frissonnant sous le châle <br /> Ont la lèvre un peu pâle <br /> Et le coeur incertain <br /> <br />Car c'est le même vent <br /> Qui trousse leurs dentelles <br /> Emporte leurs enfants <br /> Puis les ramène à elles <br /> Il donne aux goélands <br /> Cette lenteur si belle <br /> Et fait de leurs amants <br /> Des marins infidèles <br /> <br />Quand les bateaux reviennent <br /> On les attache au quai <br /> La longe et le piquet <br /> Pour seuls fruits de leur peine <br /> Quand les bateaux reviennent... <br /> Puis les marins s'en vont <br /> Ecrasés de fatigue <br /> Même le sol navigue <br /> Au coeur de leur maison <br /> Le lit déjà défait <br /> Se couvre de soupirs <br /> Et les femmes chavirent <br /> Et leur espoir renait <br /> <br />Car c'est le même vent <br /> Qui souffle leur chandelle <br /> Un soir de printemps <br /> Les a trouvées moins belles <br /> Il donne aux océans <br /> Quelques rides nouvelles <br /> Et montre aux cerfs-volants <br /> Tous les chemins du ciel <br /> <br />Alors pour quelques jours <br /> Le temps n'existe pas <br /> C'est peut-être pour ça <br /> Que les adieux sont lourds <br /> Quand les bateaux repartent... <br /> Les femmes au petit jour <br /> A l'instant du départ <br /> Cherchent dans leur mouchoir <br /> Pour se compter les jours <br /> Les grains déjà si lourds <br /> Du chapelet d'ivoire <br /> Et l'impossible amarre <br /> Qui mène à leur amour <br /> <br />Mais c'est le même vent <br /> Qui ramène au rivage <br /> Un peu de l'Océan <br /> Jusque sur leur visage <br /> Où la mer et le temps <br /> De passage en passage <br /> Ont creusé le sillage <br /> Etrange et fascinant <br /> <br />D'un bateau qui voyage...
