la prière est un superbe poème de Françis Jammes que Brassens a mis en musique, et chanté pour notre plus grand plaisir; il est à noter que la dite musique a également servi pour la chanson "il n'y a pas d'amour heureux", dont le poème est de Louis Aragon... mais avec un accompagnement quelque peu varié; <br /> <br />Par le petit garçon qui meurt près de sa mère <br />Tandis que des enfants s'amusent au parterre ; <br />Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment <br />Son aile tout à coup s'ensanglante et descend <br />Par la faim et la soif et le délire ardent : <br />Je vous salue, Marie. <br /> <br />Par les gosses battus par l'ivrogne qui rentre, <br />Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre <br />Et par l'humiliation de l'innocent châtié, <br />Par la vierge vendue qu'on a déshabillée, <br />Par le fils dont la mère a été insultée : <br />Je vous salue, Marie. <br /> <br />Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids, <br />S'écrie : "Mon Dieu !" Par le malheureux dont les bras <br />Ne purent s'appuyer sur une amour humaine <br />Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène ; <br />Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne : <br />Je vous salue, Marie. <br /> <br />Par les quatre horizons qui crucifient le Monde, <br />Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe, <br />Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains, <br />Par le malade que l'on opère et qui geint <br />Et par le juste mis au rang des assassins : <br />Je vous salue, Marie. <br /> <br />Par la mère apprenant que son fils est guéri, <br />Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid, <br />Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée, <br />Par le baiser perdu par l'amour redonné, <br />Et par le mendiant retrouvant sa monnaie : <br />Je vous salue, Marie. <br /> <br />Par l'âne et par le boeuf, par l'ombre de la paille, <br />Par la pauvresse à qui l'on dit qu'elle s'en aille, <br />Par les nativités qui n'auront sur leurs tombes <br />Que les bouquets de givre aux ailes de colombe, <br />Par la vertu qui lutte et celle qui succombe : <br />Je vous salue, Marie
