Epargnée par le sort au temps des vélodromes,<br />Arrachée par la chance aux crimes allemands,<br />La mort vous attendait au-delà des pogroms,<br />Cachée dans la folie de nazis musulmans.<br />Vous fûtes rescapée de cette rafle indigne<br />Pratiquée par la France envers quelques Français<br />Dont le crime premier, et dont la faute insigne<br />Fut d’avoir dans le sang ce Dieu qui s’absentait.<br />Et votre peuple haï, haï pour sa naissance<br />Sait tout au fond de lui que les coups de couteau<br />Dont on vous lacéra, n’est rien qui recommence,<br />Mais une haine fixe en un changeant bourreau.<br />Votre peuple puni, puni pour son essence<br />Sait du fond de sa nuit que cet autodafé<br />Où l’on vous immola est une efflorescence<br />Du toujours même mal, autrement parafé.<br />Et votre peuple honni, honni pour sa science<br />Sait du fond de sa vie que la crémation<br />D’une juive isolée en pleine sénescence,<br />Porte à jamais le nom de profanation.