La télévision nationale algérienne a, pour la <br />première fois depuis le début du mouvement de contestation en Algérie, ouvert <br />vendredi son journal par des images des manifestations du jour, mais sans <br />référence au mot d'ordre du refus d'un nouveau mandat du chef de l'Etat.<br /> Les manifestants qui ont défilé en masse vendredi, à Alger et dans le reste <br />du pays, ont appelé à un "changement pacifique", a simplement expliqué la <br />télévision nationale.<br /> Concernant les heurts entre groupes de jeunes et policiers ayant marqué la <br />fin de la manifestation à Alger, la télévision a évoqué des "débordements" <br />ayant contraint les forces de l'ordre à faire usage de gaz lacrymogènes.<br /> Les journalistes des médias publics algériens - radio et télévision - ont <br />récemment dénoncé publiquement les restrictions de couverture, "imposées par <br />(leur) hiérarchie", des protestations sans précédent qui agitent l'Algérie <br />contre la candidature à un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au <br />pouvoir depuis 1999.<br /> Le 22 février, les médias publiques avaient totalement passé sous silence <br />les premières imposantes manifestations à travers le pays, notamment à Alger, <br />où elles sont théoriquement interdites depuis 2001.<br /> Mercredi, la télévision publique avait déjà évoqué, mais en milieu de <br />journal, les marches ayant rassemblé des milliers d'étudiants, déjà sans <br />évoquer la revendication du refus du 5e mandat du président Bouteflika.<br /> Deux chaînes privées d'informations, propriété d'hommes d'affaires réputés <br />proches du pouvoir ont également diffusé des images des manifestations <br />vendredi, ce qu'elles n'avaient pas fait la semaine précédente.<br /> Dzaïr News, propriété d'Ali Haddad, PDG d'un groupe de travaux publics et <br />patron des patrons algériens, a diffusé des images des manifestations <br />auxquelles ont pris part, selon cette chaîne, "un million de personnes", dans <br />toutes les grandes villes du pays.<br /> Ennahar TV, chaîne d'information du plus grand groupe médiatique privé <br />d'Algérie, a elle aussi diffusé des images vendredi, notamment des <br />affrontements en fin de journée entre policiers et jeunes dans Alger.<br /> Jeudi, une centaine de journalistes des médias algériens -écrits et <br />audiovisuels, publics et privés- s'étaient rassemblés dans le centre d'Alger <br />pour dénoncer la "censure" et les pressions hiérarchiques auxquelles ils font <br />face notamment concernant la couverture du mouvement de contestation.
