« Elephant Man » sur les planches, avec un duo de « monstres sacrés ». <br /> <br />Sur les planches, l'acteur et rappeur Joey Starr interprète le phénomène de foire connu sous le surnom d'« Elephant Man » à cause de la difformité extrême de son corps. Son ancienne compagne Béatrice Dalle lui donne la réplique. La pièce se joue aux Folies-Bergère jusqu'au 20 octobre. <br /> <br />C'est un monstre sans maquillage, ni prothèse qu'invite à découvrir la pièce-événement de la rentrée parisienne, « Elephant Man », réflexion sur la monstruosité, la norme et le regard de l'autre, réunissant deux bêtes de scène, Joeystarr et Béatrice Dalle. <br /> <br />Pour leur première collaboration sur les planches, l'ancien couple à la ville s'est coulé dans le texte du dramaturge américain Bernard Pomerance (publié en 1977), mis en scène par David Bobée, pour qui Béatrice Dalle avait joué Lucrèce Borgia en 2014. <br /> <br />« Adapter et mettre en scène « Elephant man » aujourd'hui, c'est tendre un miroir à notre époque, à ses dysfonctionnements, à ses violences symboliques », souligne le metteur en scène dans les notes d'intention.« Les monstres (puisque par étymologie ce sont ceux que l'on « montre ») disent toujours quelque chose de leur époque, de son regard sur le monde et sur elle-même », affirme encore David Bobée, par ailleurs directeur du centre dramatique national de Normandie-Rouen. <br /> <br />Fragile, hagard, claudiquant... <br />D'abord caché sous des amas de couvertures, « son monstre » est joué par un Joeystarr à contre-emploi : fragile, hagard, claudiquant... Reste sa voix, vibrante, parfois rugissante. <br /> <br />Comme une manière de rappeler que la monstruosité est surtout dans le regard de l'autre, l'ancien rappeur de NTM n'a pas du tout le visage déformé, comme l'« Elephant man » de David Lynch au cinéma, et apparait souvent torse nu sur scène. <br /> <br />D'abord bête de foire, humilié et battu, Merrick, son personnage va être placé à l'hôpital par les soins du Dr Frederick Treves (interprété par Christophe Grégoire). Ce dernier va le soigner, tenter de l'entourer sans toujours admettre qu'il est un humain comme les autres. <br /> <br />L'entrée en scène à quasiment la moitié de la pièce de Béatrice Dalle, alias Madame Kendal, ajoute une dose de complexité... et de sensualité à ce conte cruel sur la différence. Ce personnage va s'éprendre de l'homme-éléphant, condamné à une mort inéluctable.
