On dit dans ton quartier que tu as froid aux yeux<br />Que t'y mets des fichus de bandes dessinées<br />Et que les gens te lisent un peu comme tu veux<br />Tu leur fais avaler tes monts et tes vallées<br /><br />Tu es aux carrefours avec le rouge mis<br />On y attend du vert de tes vertes prairies<br />Alors que j'ai fauché ce matin dans ton lit<br />De quoi nourrir l'hiver et ma mélancolie<br /><br />Mélancolie mélancolie la mer revient<br />Je t'attends sur le quai avec tes bateaux blêmes<br />Tes poissons d'argent bleu tes paniers ton destin<br />Et mes mouettes dans tes cris comme une traîne<br /><br />Je connais une femme lubrique à Paris<br />Qui mange mes syllabes et me les rend indemnes<br />Avec de la musique autour qui me sourit<br />Demain je lui dirai des hiboux qui s'envolent<br />J'en connais dans ma nuit qui n'ont pas de fourrure<br />Qui crèvent doucement de froid dans l'antarctique<br />De cette négation d'aimer au bout de l'ombre<br />Mes oiseaux font de l'ombre en plein minuit néon<br />Sous les verts plébiscites<br /><br />Tu connais une femme lubrique à Moscou<br />Qui mange tes syllabes et les met dans ton bortsch<br />Il connaît une femme lubrique à Pékin<br />Qui mange sa muraille et la donne au Parti<br />Demain nous leur dirons des hiboux qui s'envolent<br />J'en connais dans leur nuit qui n'ont plus de jaquette<br />Qui crèvent doucement de froid sous leur casquette<br />Avec leurs beaux yeux d'or mêlés du Palomar là-bas