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Fauré : Suite "Dolly" (Orchestre national de France)

2021-11-30 233 Dailymotion

La Suite « Dolly » fut d’abord écrite par Fauré en l’honneur d’une petite fille prénommée<br />Hélène, que sa mère, Emma Bardac, future seconde épouse de Debussy, surnommait<br />affectueusement Dolly. Elle prend place, écrit Harry Halbreich, « aux côtés des Scènes<br />d’enfants de Schumann et du Children’s Corner de Debussy, parmi les musiques les plus<br />ravissantes jamais inspirées par l’enfance ». Les titres des pièces indiquent combien cette<br />suite fait allusion à des situations ou à des personnages familiers : la Berceuse avait<br />été écrite trente ans plus tôt pour une petite Suzanne, dont le père était préfet et ami de<br />Fauré ; Kitty (en réalité Ketty) était le nom du chien des Bardac ; « Le jardin de Dolly »<br />est une « promenade au jardin du Tendre », selon Jean-Michel Nectoux, qui voit dans<br />« Le pas espagnol », l’utime page du recueil, « un éblouissant hommage à España de<br />l’ami Chabrier »; quant à « Mi-a-ou », il ne s’agit pas d’une allusion à un chat mais à<br />« Monsieur Raoul », frère de Dolly (qu’elle appelait « Aoul »).<br /><br />C’est Henri Rabaud (1873-1949) qui en assura l’orchestration en 1905, époque à<br />laquelle Massenet commençait à trop souffrir de surdité pour démêler les timbres : « Ce<br />que j’entends le moins péniblement, c’est la voix chantée. Mais l’ensemble instrumental,<br />c’est le chaos et la douleur », écrira-t-il quelques années plus tard. Condisciple de Proust<br />au lycée Condorcet, Rabaud avait été notamment l’élève de Massenet au Conservatoire<br />de Paris avant d’obtenir le Premier Grand Prix de Rome en 1894. Ironie de l’histoire, il<br />succédera en 1920 à Fauré au poste de directeur du Conservatoire. Il signa pour Dolly<br />une orchestration fort délicate, dans laquelle Ravel devine « un tact et une souplesse des<br />plus ingénieux ». La présence des trombones ne doit pas surprendre, car Rabaud les utilise<br />dans leur couleur et leur nuance les plus douces (à la fin de « Tendresse » par exemple).<br />On ne s’étonnera pas que le tambour de basque, dans « Le pas espagnol », contribue à<br />la couleur locale de la musique<br /><br />On précisera que la suite Dolly fit l’objet d’une version dansée qui fut créée en 1913 au<br />Théâtre des arts, sur un livret de Louis Laloy et avec une chorégraphie de Léo Staats.

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