C'est le scénario catastrophe pour Emmanuel Macron, qui se retrouve non seulement sans majorité absolue mais surtout avec une petite majorité relative. Ces résultats ouvrent une période délicate de tractations à tous les niveaux pour sceller des alliances, remanier le gouvernement et négocier les postes de responsabilités dans la nouvelle Assemblée. <br />Resté silencieux dimanche soir, Emmanuel Macron, qui avait exhorté les Français à lui donner "une majorité forte et claire", se retrouve affaibli deux mois seulement après sa réélection face à Marine Le Pen.<br /><br />Il voit le RN, désigné comme l'ennemi N.1, débarquer massivement et contre toute attente au Palais-Bourbon avec 89 sièges, selon un décompte complet de l'AFP. <br /><br />"Nous travaillerons dès demain à construire une majorité d'action, il n'y a pas d'alternative", a assuré la Première ministre Elisabeth Borne, elle-même élue de peu dans le Calvados, en affirmant que cette "situation inédite constitue un risque pour notre pays".<br /><br />Symboles de la gifle reçue, les défaites des chefs de file de la macronie à l'Assemblée, deux intimes de M. Macron: le président Richard Ferrand battu dans son fief du Finistère et le patron des députés LREM Christophe Castaner dans les Alpes-de-Haute-Provence.<br /><br />Egalement défaites, trois ministres - Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Benin (Mer) - devront quitter le gouvernement. "C'est loin de ce qu'on espérait", a admis le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, qui a pu toutefois se satisfaire des victoires sur le fil de deux ministres à Paris, Stanislas Guerini et Clément Beaune. Sans surprise, ce scrutin, le 4e en deux mois après la présidentielle, a été boudé par les Français alors qu'une partie du pays subissait une vague de chaleur inédite par sa précocité.<br /><br />Le taux d'abstention, de 53,79%, est en hausse de plus d'un point par rapport au premier tour (52,49%) mais n'a pas atteint le record du second tour de 2017 (57,36%).<br /><br />La coalition présidentielle Ensemble! (LREM, MoDem, Agir et Horizons) obtient 245 sièges, selon un décompte complet de l'AFP, soit loin de la majorité absolue de 289 députés sur 577.<br /><br />Elle est désormais prise en étau entre deux groupes puissants qui ont clairement affirmé leur opposition. La bataille s'annonce rude face à la gauche unie (LFI, PS, EELV et PCF), qui devient la première force d'opposition avec 137 députés. Jean-Luc Mélenchon s'est félicité de la "déroute totale" du parti présidentiel en annonçant que la Nupes allait "mettre le meilleur" d'elle-même "dans le combat" parlementaire. A l'offensive, le député LFI Eric Coquerel a estimé que Mme Borne ne pouvait plus "continuer à être première ministre" et annoncé que l'opposition déposerait "une motion de censure" contre son gouvernement le 5 juillet.
