Bien que tyranniques et sanguinaires, les rois Francs avaient un sens prononcé du partage et avaient coutume de se répartir équitablement le butin d’un pillage. <br />Après la bataille de Soissons emportée par Clovis contre Syagrius, le dernier chef romain, on rapporta un magnifique vase volé dans une église qu’on venait de piller. <br />Le roi franc, qui tenait à se concilier la hiérarchie chrétienne, était tout disposé à le restituer à l’évêque qui venait d’en faire la demande. <br />Cependant, un soldat, particulièrement irascible, s’y opposa et brisa le vase de sa hache en proclamant : « Tu ne recevras que ce que le sort te donneras. »<br />Bien que perdant la face devant ses troupes, Clovis décida de ne pas réagir, et d’attendre la bonne occasion pour montrer toute son autorité. <br />Celle-ci se présenta un an plus tard. Comme il passait ses troupes en revue, Clovis s’arrêta face à ce soldat. <br />Constatant qu’il s’était montré quelque peu négligeant avec son matériel, le roi jeta à terre les armes du guerrier : <br />« Ta hache, ton épée, ton javelot... Jamais je n’ai vu d’armes aussi mal entretenues ! »<br />Alors, que l’homme se baissait pour les ramasser, Clovis abattit sa hache sur la tête du malheureux :<br />— Ainsi as-tu traité le vase de Soissons ! <br />