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« Oceano nox » de Victor Hugo (réalisation Ludovic Freppaz)

2024-11-12 13 Dailymotion

« Oceano nox » de Victor Hugo (réalisation Ludovic Freppaz)<br /><br />Oh ! combien de marins, combien de capitaines<br />Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,<br />Dans ce morne horizon se sont évanouis !<br />Combien ont disparu, dure et triste fortune !<br />Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,<br />Sous l'aveugle océan à jamais enfouis !<br /><br />Combien de patrons morts avec leurs équipages !<br />L'ouragan de leur vie a pris toutes les pages<br />Et d'un souffle il a tout dispersé sur les flots !<br />Nul ne saura leur fin dans l'abîme plongée.<br />Chaque vague en passant d'un butin s'est chargée ;<br />L'une a saisi l'esquif, l'autre les matelots !<br /><br />Nul ne sait votre sort, pauvres têtes perdues !<br />Vous roulez à travers les sombres étendues,<br />Heurtant de vos fronts morts des écueils inconnus.<br />Oh ! que de vieux parents, qui n'avaient plus qu'un rêve,<br />Sont morts en attendant tous les jours sur la grève<br />Ceux qui ne sont pas revenus !<br /><br />On s'entretient de vous parfois dans les veillées.<br />Maint joyeux cercle, assis sur des ancres rouillées,<br />Mêle encor quelque temps vos noms d'ombre couverts<br />Aux rires, aux refrains, aux récits d'aventures,<br />Aux baisers qu'on dérobe à vos belles futures,<br />Tandis que vous dormez dans les goémons verts !<br /><br />On demande : - Où sont-ils ? sont-ils rois dans quelque île ?<br />Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? -<br />Puis votre souvenir même est enseveli.<br />Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire.<br />Le temps, qui sur toute ombre en verse une plus noire,<br />Sur le sombre océan jette le sombre oubli.<br /><br />Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue.<br />L'un n'a-t-il pas sa barque et l'autre sa charrue ?<br />Seules, durant ces nuits où l'orage est vainqueur,<br />Vos veuves aux fronts blancs, lasses de vous attendre,<br />Parlent encor de vous en remuant la cendre<br />De leur foyer et de leur coeur !<br /><br />Et quand la tombe enfin a fermé leur paupière,<br />Rien ne sait plus vos noms, pas même une humble pierre<br />Dans l'étroit cimetière où l'écho nous répond,<br />Pas même un saule vert qui s'effeuille à l'automne,<br />Pas même la chanson naïve et monotone<br />Que chante un mendiant à l'angle d'un vieux pont !<br /><br />Où sont-ils, les marins sombrés dans les nuits noires ?<br />O flots, que vous savez de lugubres histoires !<br />Flots profonds redoutés des mères à genoux !<br />Vous vous les racontez en montant les marées,<br />Et c'est ce qui vous fait ces voix désespérées<br />Que vous avez le soir quand vous venez vers nous!<br />

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