Les usagers ne parlent que de ça. "Il m’est déjà arrivé d’attendre 1 h 30 un bus qui ne venait pas et ça m’a coûté deux tickets", souffle Michèle, la main posée sur son chariot de courses, languissant de pouvoir rentrer chez elle, cité des Olives. "C’est tous les jours pareil, abonde Karina, en canalisant l’impatience de son petit garçon. On vient de Frais-Vallon pour un rendez-vous chez l’ophtalmo aux Olives, et le bus qui aurait dû partir il y a cinq minutes n’est toujours pas là. Un jour, je l’ai attendu 40 minutes." Blasées, les deux femmes ne jettent pourtant pas la pierre aux conducteurs : "On n’a pas d’autre choix que d’attendre mais c’est tout le réseau qui va mal, les chauffeurs n’y sont pour rien."<br />Sur les réseaux sociaux, la résilience laisse place à la colère : "Ras-le-bol du 107 encore en panne, en retard ou je ne sais quoi encore. Tous les jours il y a un problème, c’est infernal !", peste un voyageur sur Facebook. "Depuis la rentrée, nous constatons que beaucoup de bus 'sautent'. Comment cela se fait-il ? Pourquoi ? Le 4 et le 4B dans les deux sens. Le 10 au départ de la Fourragère. Et apparemment d’autres lignes sont concernées", s’interroge un autre. "Je suis furieuse ! Ma fille attend le 10 en direction des Caillols depuis une heure !! Aucun bus n’est passé ! […] Nous payons donc un abonnement pour des bus qui passeront peut être… ou pas… Je suis scandalisée !", s’étrangle une mère de famille.Un constat que les agents de la RTM partagent : "La situation est due à un cumul de problèmes, glisse un chauffeur. On manque de personnels dans les services de maintenance, et à cela s’ajoutent des soucis sur les bornes de recharge électrique et de livraisons de nouveaux bus." Des véhicules se retrouvent ainsi bloqués à 20 % de recharge, et contraints de rentrer au dépôt sans avoir pu assurer leur tournée, tandis que chaque semaine, le fournisseur des nouveaux bus n’en livre qu’une partie, pas forcément immédiatement exploitable."En près de vingt ans <br />à la RTM, je n'ai jamais <br />connu ça"Résultat : le mardi de la rentrée, au dépôt de la Rose, il manquait 60 bus à l’appel, obligeant les régulateurs à sacrifier des lignes moins empruntées au profit d’autres plus chargées. "Ils passent leurs journées à tenter l’impossible, certains partent en burn-out, et le service se retrouve en sous-effectif. Rien ne va : les mécaniciens n’ont pas assez de temps pour se former aux nouveaux bus électriques et les chauffeurs se font insulter par les usagers, qui se plaignent à juste titre du service qui n’est pas assuré…, en près de vingt ans de service, je n’ai jamais connu ça", confie un agent.Service public "dégradé"
