Huit mois après le crash de la Germanwings, Christian et Bernard Mollet, invités avec d'autres habitants des villages de la vallée de la Blanche par la Lufthansa, pensaient passer un moment agréable en assistant au match France-Allemagne. Ils ont vécu une autre soirée des plus éprouvantes, vingt-trois ans après avoir été présents lors de la tragédie occasionnée par l'effondrement d'une tribune, à Bastia.<br />Assez peu intéressés par le football, ils ne se sont déplacés qu'à deux reprises dans un stade au cours de leur vie. À chaque fois, ils avaient répondu à une invitation, ensemble. Deux matches, deux soirées frappées, "comme une fatalité", par le drame. La première remonte au 5 mai 1992, à Furiani, lors de la demi-finale de coupe de France Bastia-OM endeuillée (https://www.laprovence.com/article/om/1266600373059415/om-longoria-et-ravanelli-aux-commemorations-du-33e-anniversaire-de-la-catastrophe-de-furiani) par la mort de 19 personnes emportées dans l'effondrement d'une tribune qui a également meurtri 2 357 autres spectateurs blessés.<br />"Avec Bernard, mon frère, on était à Bastia pour le tour de Corse auto et mon ex-beau-frère nous avait obtenu des places pour le match, raconte Christian Mollet dans le calme du Vernet, loin du fracas et de l'horreur de Furiani. Nous étions dans la tribune en béton, au contraire de deux amis qui se trouvaient, eux, dans la tribune qui s'est écroulée comme un château de cartes. On les a cherchés dans l'amas de ferraille. Eux s'en sont sortis avec des blessures, l'un a eu l'ablation de la rate, l'autre une fracture du bassin et du fémur. Des gens, en revanche, étaient coincés, ils criaient ‘au secours'. C'était une vision de guerre. Il y a des images que je n'oublierai jamais."<br />C'est une autre tragédie qui, vingt-trois ans plus tard, a ramené Christian et Bernard Mollet dans les tribunes d'un match de foot. Celle du crash d'un Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings (https://www.laprovence.com/article/region/6535953039749314/forte-emotion-lors-de-la-commemoration-des-dix-ans-du-crash-de-la-germanwings-dans-les-alpes-de-haute-provence)volontairement causé par le copilote, responsable de la mort de 150 personnes dans sa démence suicidaire, le 24 mars 2015. Survenue dans le massif des Trois-Évêchés, à Prads-Haute-Bléone, à la lisière du Vernet, elle a, comme le dit encore aujourd'hui Christian, "bouleversé" tout un territoire qui, au-delà d'une douleur partagée avec les familles des victimes, fut longtemps au cœur d'une logistique nécessaire à l'identification des corps et au déblaiement des débris de l'avion dans un va-et-vient d'hélicoptères et autres véhicules opérationnels. Comme une marque de reconnaissance pour la mobilisation et la solidarité dont on avait su naturellement faire preuve dans cette vallée, la Lufthansa avait tenu à inviter les habitants des villages concernés et les personnels d'intervention issus de Seyne-les-Alpes jusqu'à Digne pour le match France-Allemagne programmé au Stade de France, le 13 novembre suivant...
