Le Rassemblement National s’apprête à faire revenir un sujet qu’on croyait définitivement enterré : la réouverture des maisons closes. C’est Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et proche de Marine Le Pen, qui porte ce projet à haut risque politique. Il prépare une proposition de loi qui bouleverse totalement le cadre actuel de la prostitution en France.<br /><br />Depuis 2016, la législation française pénalise les clients.<br /><br />Pour Jean-Philippe Tanguy, cette loi n’a fait qu’aggraver la précarité des personnes prostituées en les poussant dans la clandestinité et les zones dangereuses. Il affirme vouloir « protéger » celles et ceux qui exercent ce métier et leur redonner le contrôle de leur activité.<br /><br />Son idée : créer des établissements légaux inspirés des anciennes maisons closes, mais sans proxénètes. Ces lieux seraient gérés sous forme de coopératives, directement par les travailleurs du sexe eux-mêmes. Ils bénéficieraient de droits sociaux, d’un suivi sanitaire, d’une sécurité garantie par l’État et d’une totale reconnaissance professionnelle.<br /><br />Mais la proposition fait déjà grincer des dents, y compris chez certains élus du RN. La réouverture de maisons closes reste un sujet tabou. Pour la gauche, cette idée revient à institutionnaliser l’exploitation du corps des femmes.<br /><br />Les organisations de travailleurs du sexe, de leur côté, sont partagées. Beaucoup militent depuis longtemps pour une reconnaissance légale, mais refusent catégoriquement de s’associer au RN, qu’ils accusent de récupérer leur cause pour servir une image plus moderne du parti.<br /><br />Dans le camp nationaliste, ce texte pourrait pourtant devenir un symbole : celui d’un parti qui prétend « protéger les invisibles » et prendre à revers les positions morales traditionnelles.<br /><br />Ce sujet mêle santé publique, sécurité, droits sociaux, questions morales et image de la femme dans la société : un mélange explosif à l’approche de futures échéances électorales.<br /><br />Si la proposition est officiellement déposée dans les prochains mois, elle promet de susciter un débat passionné au Parlement. Et un constat s’impose : même 80 ans après leur fermeture, les maisons closes n’ont jamais totalement quitté l’imaginaire politique français.
