Ce samedi soir, Lily Allen a signé un retour très attendu sur la scène du Saturday Night Live, près de vingt ans après son premier passage à l’époque de "Smile". Mais cette fois, pas de revanche rieuse ni de clin d’œil nostalgique : Allen est venue régler ses comptes, calmement, frontalement.<br /><br />Elle y a interprété "Sleepwalking" et "Madeline", deux titres extraits de son dernier album "West End Girl", largement salué comme l’un des albums de rupture les plus acérés de l’année. Un disque intime et sans détour, dans lequel la chanteuse revient sur la tromperie de son ex-mari, l’acteur David Harbour (le shérif Hopper de "Stranger Things"), et sur le système de mensonges qui a permis à cette trahison de se déployer.<br />Pendant sa performance, la chanson est entrecoupée d’un texte lu par Dakota Johnson ("50 nuances de Grey"), invitée de la soirée, qui incarne Madeline.<br /><br />Cette "autre femme" lit à voix haute un message qu’elle aurait envoyé à Allen lorsqu’elle a découvert avoir été trompée elle aussi.<br />"Je déteste que tu souffres autant en ce moment. Il m’a dit que tu étais au courant et que tu étais d’accord avec cette situation."<br />Un simple texto, mais un révélateur implacable : deux femmes manipulées par la même fiction d"un homme.<br /><br />Là où la pop a souvent opposé les femmes, Lily Allen choisit la clarté. La faute ne circule pas, ne se partage pas, ne se relativise pas : elle revient intégralement à l’homme qui a menti aux deux. La performance se conclut par un baiser symbolique de Dakota Johnson sur la joue de la chanteuse, non pas une réconciliation spectaculaire, mais un geste de reconnaissance mutuelle, presque banal, et d’autant plus fort.<br /><br />Avec "Madeline", Lily Allen met en scène un féminisme débarrassé de ses faux procès : un féminisme où la solidarité naît de la vérité, et où l’on cesse enfin de demander aux femmes d’endosser la culpabilité des récits qu’on leur a imposés.<br />20 h
