Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, <br />Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, <br />Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants, <br />Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent. <br />Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres: <br />Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés. <br />Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre, <br />Ils ne devaient jamais plus revoir un été <br /><br />La fuite monotone et sans hâte du temps, <br />Survivre encore un jour, une heure, obstinément <br />Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs <br />Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir. <br />Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel, <br />Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou, <br />D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel, <br />Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux. <br />Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage; <br />Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux? <br />...
