C'est dans l'aube chère à Verlaine <br />que tu courrais notre domaine <br />humant l'air des quatre saisons <br />odeurs de thym et de bruyères <br />Sous tes pattes fraiches légères <br />s'élevait comme une oraison <br />Berger des landes familières <br />tu vivais digne et solitaire <br />Animal doué de raison <br />j'écris ce jour anniversaire <br />où tu reposes sous la terre <br />à deux pas de notre maison <br />Hourrah Oural Ouralou... <br />On voit souvent des souveraines <br />à la place des rois <br />il faut se méfier du paraître <br />de nous deux qui était le maître <br />nous ne l'avons jamais bien su <br />Tu vécus la vie parisienne <br />la nuit sur les quais de Seine <br />les music-halls et les tournées <br />et cette vie qui fût la mienne <br />il me semble que tu l'entraines <br />à la semelle de tes souliers <br />Jour après jour il faut l'admettre <br />voir ceux qu'on aime disparaître <br />c'est ce qui fait vieillir trop tôt <br />Au paradis des chiens peut-être <br />ton long museau à la fenêtre <br />tu nous accueilleras bientôt <br />au triple galop caracole <br />je vois tes pattes qui s'envolent
