A une jeune fille <br /><br />Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle, <br />Enfant ! n'enviez point notre âge de douleurs, <br />Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle, <br />Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. <br /><br />Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie ! <br />Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, <br />Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie, <br />Comme un alcyon sur les mers. <br /><br />Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées ! <br />Jouissez du matin, jouissez du printemps ; <br />Vos heures sont des fleurs l'une à l'autre enlacées ; <br />Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. <br /><br />Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue, <br />Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié, <br />A ces maux sans espoir que l'orgueil désavoue, <br />A ces plaisirs qui font pitié. <br /><br />Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance <br />Riez ! n'attristez pas votre front gracieux, <br />Votre oeil d'azur, miroir de paix et d'innocence, <br />Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !