Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, <br /> Dans la nuit éternelle emportés sans retour, <br /> Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges <br /> Jeter l’ancre un seul jour ? <br /><br /> Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière, <br /> Et près des flots chéris qu’elle devait revoir, <br /> Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre <br /> Où tu la vis s’asseoir ! <br /><br /> Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, <br />10 Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, <br /> Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes <br /> Sur ses pieds adorés. <br /><br /> Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ; <br /> On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux, <br /> Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence <br /> Tes flots harmonieux. <br /><br /> Tout à coup des accents inconnus à la terre <br /> Du rivage charmé frappèrent les échos ; <br /> Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère <br />20 Laissa tomber ces mots : <br /><br /> « Ô temps ! suspends ton vol,
