Hirondelle qui viens de la nue orageuse<br /> Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.<br /> Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?<br /> Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,<br /><br /> Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,<br /> Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,<br /> Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,<br /> Vers les astres errants qui roulent dans les airs.<br /><br /> Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes<br /> Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts<br /> Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,<br /> Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.<br /><br /> Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !<br /> Je ne sais quel écho par toi m’est apporté<br /> Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,<br /> Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.<br /><br />Chansons d’oiseaux, I<br /> avril 1861<br /> La Légende républicaine (1861-1870)